Comment Donald Trump pourrait sauver l'EACOP, le projet de pipeline est-africain
Le retour de Donald Trump au pouvoir aux Etats-Unis, accompagné de promesses de dérégulation et de soutien massif aux énergies fossiles, pourrait redessiner les priorités des investisseurs, notamment dans les grands projets controversés comme l’oléoduc est-africain, EACOP.
L'élection de Trump semble déjà avoir des répercussions sur le financement des énergies fossiles. Le mardi 7 janvier, JPMorgan, la plus grande banque américaine, a été le dernier acteur du secteur bancaire à se retirer de l'Alliance bancaire pour le net zéro (Net-Zero Banking Alliance, NZBA). Soutenue par l'ONU et visant à promouvoir la neutralité carbone, cette coalition qui compte 142 membres gérant des actifs totalisant 6 400 milliards de dollars, a également vu le départ quelques jours plus tôt d'autres grands noms de la finance, tels que Citigroup, Goldman Sachs, Bank of America…
Si aucune explication précise n’a été donnée pour justifier ce revirement, ces institutions ont cependant indiqué qu’elles maintiennent leur engagement en faveur du financement allant dans le cadre de la transition énergétique.
Le président élu a clairement affiché son intention de démanteler les politiques environnementales mises en place par son prédécesseur et de relancer massivement l’exploitation pétrolière, en particulier celle du schiste. Pour ces banques, il semble que cette décision reflète une volonté d’éviter les critiques des alliés climatosceptiques de la nouvelle administration.
Cette posture pourrait surtout créer un environnement favorable pour les investisseurs hésitant à soutenir des projets fossiles comme le pipeline EACOP, qui reliera les champs pétroliers ougandais à la façade maritime tanzanienne. Prévue pour s’étaler sur une distance de 1 443 km, avec une capacité de 216 000 barils par jour, l'infrastructure est devenue, ces dernières années, la cible des groupes environnementaux. Ces derniers dénoncent les émissions annuelles du projet qui pourraient grimper à 34,3 millions de tonnes de CO₂, ainsi que des risques sociaux majeurs.
En 2021, une campagne menée par 263 organisations dans 49 pays avait poussé de nombreuses banques européennes, telles que BNP Paribas, Crédit Agricole et Barclays, à abandonner leur soutien financier, citant des engagements en matière de durabilité et de droits humains.
Le retrait massif des banques a plongé ce projet de 4 milliards de dollars dans l’incertitude, malgré une décision finale d’investissement prise la même année et la mobilisation jusqu’ici de près de la moitié de l’enveloppe. Une somme qui a déjà permis de construire plus de 500 km de la ligne.
Même des acteurs proches de TotalEnergies (l’opérateur) comme JPMorgan Chase et Bank of America, avaient opté pour une prudence accrue. Cependant, avec l'administration Trump prête qui s’est déjà engagée en faveur de l’exploitation pétrolière, les investisseurs pourraient être encouragés à revenir à la table des négociations. Cela pourrait permettre de mobiliser rapidement le reste de la somme et accélérer la réalisation de l’infrastructure.
Il importe de savoir que malgré les désistements de nombreux acteurs financiers, certaines banques qui étaient dans les starting-blocks pour financer le pipeline n’avaient pas complètement fermé la porte. Goldman Sachs, Citi et JP Morgan, par exemple, avaient annoncé qu’elles restaient « dans l’expectative ». Le changement de contexte intervenu avec le retour au pouvoir de Donald Trump semble maintenant les pousser à reconsidérer leurs positions.
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